mercredi 17 février 2016

Le manifeste des populismes.

Dans le cadre des Etats Généraux de la France de droite, je vous propose de réfléchir sur les populismes qui se multiplient actuellement en Europe, aux Etats-Unis d’Amérique et ailleurs.
J’ai choisi la forme d’un feuilleton hebdomadaire pour ne pas vous lasser, estimé lecteur, dans le format bref qu’impose la toile internet et dans le style familier habituel de ce blogue.Notez bien, je vous prie, que le deuxième, troisième et quatrième épisode se trouvent à la fin du premier. Cela devrait faciliter la lecture !

                                           Le manifeste des populismes.

                                                        Jean-Pierre Bex

On ne peut trouver aucun sens précis au terme « populisme » dans les discours de nos politiciens ou dans la prose médiatique. La  PLOUC (Pensée Légale Obligatoire Unique et Correcte) de nos zélites* actuelles l’assimile  souvent à la démagogie, au clientélisme, à la démocratie d’émotion, à l’électoralisme, à l’opportunisme … Cette connotation péjorative voire insultante dans le jargon obligatoire pour rester bien en cours dans la France de 2016 est devenue évidente.
On a même créé le néologisme méprisant de sondocratie pour insinuer que ce sont  les résultats des sondages qui orientent les politiciens accusés de populisme comme s’ils étaient les seuls à en faire usage. Tous le font !

Ce manifeste veut analyser les bases générales de ces  mouvements populaires intermittents dont les éruptions épisodiques effraient les privilégiés des systèmes politico-sociaux établis et troublent les esprits bien pensants.  Une réflexion sereine s’impose sur les modalités de déclenchement, les mécanismes et les outils ou les leviers des populismes pour susciter peut être un peu moins de panique instinctive, viscérale et d’hostilité sectaire parmi les nantis de la nation
Ces éruptions  populistes épisodiques et plus ou moins durables, sont des avertissements sérieux adressés aux zélites, pour qu’elles prennent en compte les difficultés réelles de la population et éventuellement qu’elles remettent à plat les incohérences et les absurdités quelles ont mises en route. Inutile d’ajouter qu’il est très rare de voir des zélites faire machine arrière tant qu’elles n’y sont pas impérativement contraintes. Pourtant les signaux d’alarme ne doivent pas être ignorés, sous peine de conséquences fâcheuses, comme l’avaient fait dans un autre domaine les ingénieurs de Tchernobyl avec le résultat que l’on connaît.
Après le populisme il ne reste plus au peuple que l’émeute et la révolution pour se faire entendre.
En 1848, Karl Marx publiait le Manifeste du Parti Communiste. Ce petit livre, réédité ensuite sous le titre de Manifeste communiste, organisait, à partir des réflexions de Engels, une idéologie structurée mais par nature théorique et abstraite. Les idées venaient d’intellectuels d’ « en haut » et leur application pratique dans le monde, vers la plèbe d'« en bas », au cours du XX° siècle  a engendré les plus grandes boucheries de l’histoire de l’humanité.
Ce Manifeste des populismes sera moins redoutable, car les populismes viennent d’ « en bas », des entrailles des peuples et tentent de remonter jusqu’aux oreilles de l’élite. C'est souvent difficile ! Mais c'est le principe fondateur de la démocratie. Que cela plaise ou non !
* La liaison est surlignée par jeu et surtout par dérision.

Définition.

Comme il n’en existe aucune qui fasse l’unanimité, faisons la nôtre !
Le populisme est une volonté politique surgissant spontanément de la population ou d’une partie importante de celle-ci, lorsque qu’une divergence d’orientation sur des sujets fondamentaux se manifeste avec les zélites dirigeantes. Le pourcentage de citoyens convaincus du bien fondé de cette ou de ces volontés est l’indicateur de la puissance du populisme qui en jaillira.
Ensuite apparaissent des politiciens, qui adhérent à cette volonté ou s’en emparent, la structurent, la représentent et l’amplifient. A cette étape encore la détermination et la pugnacité du soutien populaire fait toute la force politique du mouvement, donc sa durabilité et éventuellement son succès.

Méprisons l’insulte et assumons le populisme.

Faisons litière tout de suite de la connotation péjorative que véhicule le terme populisme dans le vocabulaire politique et médiatique actuel. Le populisme est par essence haï par les élites qui s’en moquent tant qu’il est électoralement faible, mais tremblent pour leurs postes, leurs prébendes, leurs avantages dès qu’il gagne en puissance électorale et prétend se mêler aux affaires du pouvoir. En fait, il est délicat pour des gens qui se veulent démocrates d’attaquer de front les opinions du peuple avec des arguments, donc ils évitent le débat d’idées.
Les critiques du populisme utilisent d’abord l’ironie, la médisance, la dérision. A ce stade, il n’est donc pas surprenant de les entendre utiliser l’insulte sournoise, insinuée, volontiers condescendante. Plus tard, ils recourent à la coercition grâce aux lois répressives de la liberté d’expression (loi Pleven, Gayssot, Taubira …) et enfin ils pratiquent l’exclusion de ses partisans de tous les débats, médias. On aboutit à la diabolisation dogmatique comme le faisaient volontiers les « Lumières » pour leurs contradicteurs.
« La multitude des bêtes brutes appelées hommes, comparée avec le petit nombre de ceux qui pensent, est au moins dans la proportion de cent à un chez beaucoup de nations. » Voltaire dans Questions sur l’Encyclopédie. Sur ses vieux jours il révise l’estimation à la baisse : « Le genre humain pensant, c’est-à-dire la cent millième partie du genre humain tout au plus… » Aventure de la Mémoire. Cité par Xavier Martin dans Voltaire méconnu.
Le langage « communiquant » des politiciens a pour principe premier de n’offenser jamais le peuple en général et l’électeur en particulier, mais certains ou certaines, un jour d’énervement, se laissent aller à la franchise.
« Les hommes politiques sont tout de même mieux avertis que le commun des mortels ! » Elizabeth Badinter.
Voire, plus récemment, Laurent Wauquiez dans le Figaro du 14 février 2016 parle d’une trahison des élites politiques : « Un mépris de classe s’est installé dans la classe politique. La plus grande insulte que l’on y entend est celle de « populiste ». Cette morgue technocratique rompt avec la tradition française. »
Même le pauvre Mélenchon voudrait être populiste ! Sans grand succès.
« C’est le dégoût des élites. Méritent-elles mieux ? Qu’ils s’en aillent tous ! J’en appelle à l’énergie du plus grand nombre contre la suffisance des privilégiés. Populiste, moi ? J’assume ! L’express du 16 septembre 2010.

Le discrédit sur le terme populisme naît aussi d’un amalgame subtil avec d’autres mots franchement péjoratifs.
La démagogie  fait mielleusement miroiter à ses auditeurs des promesses spécifiques, souvent impossibles à réaliser, pour obtenir leur vote en les trompant. Ici encore la démagogie vient d’en haut, des zélites et s’adresse aux manants du bas de la société.
Au contraire, le politicien populiste constate une volonté populaire, la soutient et la renforce. En fait, le populisme quand il surgit est porté par des convictions solides dans le peuple mais son expression est souvent maladroite et confuse au moins au début. Il lui faut un, une ou des tribuns pour émerger.
Le clientélisme, l’opportunisme, l’électoralisme dont on accuse les populistes traduisent des comportements si répandus en démocratie représentative qu’il semble difficile de leur en faire reproche à eux seulement.
La doxocratie et la sondocratie, néologismes plus savants et assez voisins, désignent un système où les dirigeants fonderaient leurs décisions et actions principalement ou uniquement sur les résultats des sondages ; la prolifération de sondages de toutes sortes est telle actuellement que la sondocratie désigne l’ensemble de la classe politique !
Parfois le sens péjoratif est insinué par la réprobation politiquement correcte de mouvements qui ont été qualifiés antérieurement de populistes (Boulangisme, Poujadisme) ou par le côté iconoclaste, maladroit voire brutal des ses orateurs dans leurs discours (Jean-Marie Le Pen, Donald Trump, Vladimir Poutine).
« Ces rustauds mal élevés ne peuvent quand même pas prétendre être nos égaux, atteindre notre expertise, notre compétence… et convoiter nos places et nos avantages ! » pense in petto le microcosme parisien !
Le fond de la pensée (soigneusement camouflée) des zélites est de nier au peuple toute capacité d’élaborer une stratégie intelligente. Il n’a pas les diplômes nécessaires donc il est structurellement incapable de résoudre les problèmes du moment.


  1. Caractéristiques générales des populismes.

Tiré du latin populus (le peuple), le terme populisme devrait au contraire être adulé par les nombreux démocrates qui forment nos zélites dirigeantes. Au lieu d’y voir a priori un danger imminent pour la République, comme le Premier Ministre Manuel Valls le clamait à l’Assemblée nationale et sur toutes les chaînes d’information en fin 2015, ils pourraient y trouver deux avantages.
D’une part, ils constateront qu’il propose des échappatoires praticables avant le stade ultime du mécontentement et de la fureur populaire que serait une révolution. Le déchaînement des pulsions reptiliennes des cerveaux humains devient alors incontrôlable. Le sang coule et des têtes tombent.
D’autre part, le populisme peut être la seule voie d’accès à la démocratie directe. obstruée par Les tenants de la République des « sachants » et sa démocratie représentative bloquent toute tentative de recours populaire institutionnel alors que la diffusion de l’informatique le rend maintenant possible même pour des populations nombreuses. Assumons le mot populisme qui impose la nécessaire prédominance des opinions du peuple sur les stratégies, idéologies, engagements et élucubrations théoriques de l’élite, des gouvernements, du grand capital, des privilégiés ou de toute minorité qui aurait accaparé le pouvoir. C’est le principe de base, au moins théorique, de la démocratie !
Le populisme est un contre pouvoir populaire. Dans un régime autoritaire il est écrasé tout de suite par l’autorité. Son terreau d’élection est la démocratie représentative : système ouvert, fragile et répandu un peu partout dans le monde.
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la démocratie est devenue à la mode, un peu partout, spontanément ou sous la pression des vainqueurs occidentaux. On pourrait dire qu’elle est devenue obligatoire pour qu’un pays soit bien considéré ! Les différents systèmes dits démocratiques ont abandonné la démocratie directe chère aux cités de la Grèce antique pour passer à la démocratie représentative sans mandat obligatoire. La liberté de vote de nos élus est totale. Le déripage de leurs votes était prévisible, inévitable et donc il est arrivé. Ils ont fait passer leur intérêt personnel, de caste, de parti, de coterie bien avant le bien commun de la nation ou de la communauté qui les a mandatés, le bon sens qui est la logique passée au tamis de l’expérience. Ils ont été lâches et pusillanimes quand il fallait être audacieux et courageux, obnubilés par le court terme de leur réélection avant le long terme pour la nation. Le souci de leurs mandants en dehors des campagnes électorales est le cadet de leurs soucis, mais ils s’affairent pour leur réélection, synonyme de maintien des avantages et privilèges. Sous la conduite de leurs conseillers en propagande ou de leurs communicants, ils gèrent à leur idée la vie tous les jours et surtout l’irénisme insatiable et souvent déçu de millions de Français. Des effets d’annonces, des élucubrations saugrenues, des idéologies, des hypothèses, des théories, des projets aberrants provenant d’intellectuels engagés, de rêveurs idéalistes et abstraits, de politiciens cupides, de fous parfois ont fleuri partout. Ils les ont parées de certitudes, les ont accompagnées de promesses folles et ont proféré des mensonges éhontés pour les faire accepter par les masses populaires lors des élections depuis trente ou quarante ans. La déception finale de la population est maintenant au rendez-vous, douloureuse et parfois dramatique pour certaines couches de la population. Ces zélites ont le savoir faire, l’habileté, voire la malhonnêteté, suffisantes pour se débrouiller et ne pas y laisser trop de plumes financières, judiciaires ou sociale, c’est toujours la population qui paie l’addition et les pots cassés des échecs et désillusions politiques. Le principe dominant dans l’idéologie de l’oligarchie qui a pris le pouvoir en France est que les zélites, grâce à leur éducation, leur milieu, leur intelligence, leurs relations amicales, leurs contacts internationaux, leur connaissance des arcanes administratives… sont plus à même de diriger le pays que la masse des Français indifférents, incultes, manipulables qui forment la société civile.
Pour faire bien, ils reconnaissent certains écarts imputables à de rares moutons noirs dont les combinaisons ou turpitudes ont défrayé la chronique. Mais ils ont pris des mesures pour les punir et cela ne se reproduira plus.

B) Caractéristiques des populismes.

Les populismes sont aussi nombreux que les motifs potentiels de divergence avec les décisions des zélites.
On ne peut pas imaginer que dans des populations qui se chiffrent en millions d’électeurs, il y ait une seule divergence avec les zélites. Les populismes sont polymorpenes. Cette réaction populaire n’est pas forcément univoque : le peuple est souvent divisé, manipulé ou guidé.
Le populisme est épisodique.
Le populisme est une réaction populaire pour reprendre en main des choix politiques faits par ses zélites arrivées au pouvoir grâce à la démocratie représentative. Elles n’ont aucun mandat impératif et obéissent aux ordres de vote des partis politiques bien plus qu’à leur conscience ou à l’intérêt commun. Elles peuvent donc, en toute légalité républicaine, mettre en route des projets que le peuple peut détester parce qu’ils lui paraissent aberrants et dont les résultats s’avère mauvais pour la nation. C’est l’abîme qui s’est ouvert entre le pays légal et le pays légitime.

Un parti populiste ne peut exister que temporairement en fonction de la durée et de l’intensité du soutien populaire et aussi des réactions des zélites au pouvoir devant la montée de ce lanceur d’alerte Une réaction intelligente d’abandon des idées déclencheuses et de mise en route d’une politique plus adaptée aux volontés populaires peut stopper le processius..

Le populisme (qui va de bas en haut) est structurellement de droite parce qu’il est imprégné de bon sens pratique et fondé sur la réalité des choses. La gauche et ses variantes extrêmes usent et abusent de la démagogie (qui elle va du haut vers le bas) qui est chez eux permanente. Elle ne suffit pas à masquer des résultats qui ont été constamment catastrophiques en France (Mitterand et encore plus Hollande) et dans tous les pays qui ont un jour ou l’autre tâté du marxisme sous quelque forme que ce soit. Cela finit par se savoir même dans les strates les moins éduquées de la population. Que cela plaise ou non à Mélenchon le capitalisme et ses résultats ont réduit le marxisme à l’infinitésimal dans la classe ouvrière.
Marcel Dassault a probablement fait plus pour le bien être du prolétariat que Georges Marchais !
Un parti populiste est porté au pouvoir sur une ou deux bonnes idées qui réunissent une majorité des Français. Lorsqu’il est au pouvoir il lui faut gouverner sur tous les problèmes de la nation, sur la politique étrangère et sur les affaires du monde. Il lui faut donc un programme général. Le risque est alors de décevoir une partie de son électorat.


Voici le schéma évolutif d’un populisme habituel.
Le populisme est fondé sur une surveillance constante et silencieuse du pouvoir, de ses déclarations, de ses actes et surtout de leurs résultats, par les citoyens. Ses manifestations sociales, médiatiques et politiques n’apparaissent au grand jour que lorsque les convictions populaires fondées sur la réalité et le bon sens divergent fortement et durablement de celles de l’élite qui sont souvent fondées sur des théories abstraites.

Stade 0 du populisme.
Quand tout va bien, que l’économie tourne bien, assure le plein emploi, que la gestion politique et financière est saine et que la sécurité et la paix sociale règnent à peu près partout, le populisme n’a aucune raison de se manifester dans cette démocratie représentative dont les élites assurent un fonctionnement sain. Il est en dormition. Le peuple suit d’un œil distrait, irrévérent mais silencieux, l’évolution des affaires du monde au « 20heures » et chacun s’occupe de ses affaires personnelles. La réaction populaire ne dépasse pas la sphère privée, le Café du commerce, le stade des commentaires ou des ricanements.
Le foutebol et les jeux télévisés règnent en maîtres.

Stade I.
Par contre, lorsque l’incompétence, l’amateurisme, la gabegie, la corruption, la fatuité, s’installent chez les zélites et arrivent à perturber la qualité de vie des citoyens parce que leurs décisions et le laxisme institutionnel vont à l’encontre des intérêts d’un grand nombre de citoyens, le populisme se réveille. Il renaît de ses cendres si l’alerte est suffisamment forte.
La difficulté initiale est de focaliser une fraction suffisamment importante de la population sur une ou quelques récriminations porteuses. Ainsi, il commence comme un malaise polymorphe, souvent mal synthétisé, mal présenté, et donc facilement accessible à la critique et aux sourires condescendants des zélites et de leurs collaborateurs que sont les « médiasbires ». Ces gros médias, subventionnés par l’Etat, ont une ligne éditoriale fixée par leurs propriétaires, qui appartiennent tous à la Super Classe Mondiale, et la liberté des journalistes est bridée, orientée et finalement annihilée. La liberté, c’est tout ou rien.
Mais, la nature ayant horreur du vide, se présentent bien vite à l’horizon politique des hommes ou des femmes charismatiques, souvent issues de la société civile, qui adhèrent à ces idées et qui savent structurer, sélectionner, ordonner et représenter ces lamentations populaires dans les médias et dans les enceintes politiques.
Ils ou elles en tirent du prestige, de la visibilité médiatique et peu à peu du pouvoir électoral. Ils ou elles s’acharnent à transcrire les grognements du macrocosme (le peuple), les plaintes corporatistes, les malaises sectoriels en un discours politique argumenté, objectivement défendable, séduisant et adoptable par une fraction plus importante de la population.
C’est à la fin du stade I que le populisme subit sa première zone de faiblesse. La volonté populaire est elle bien transmise par l’appareil politique qui se met en marche ? Est-il convaincant ? Si les réponses sont négatives tout en reste là et les zélites ont gagné. Si les réponses sont positives, le populisme peut passer au stade II.

Stade II.
Il y a de nombreux étages à conquérir progressivement dans le millefeuille administrativo-politique des démocraties représentatives modernes. CLa répartition des pouvoirs est une protection contre d’éventuels coups de force militaires ou de minorités agressives mais cela complique et ralentit la prise de pouvoir effective selon les voies légales et institutionnelles. Le populisme, dont les dents ont poussé, se présente aux portes du pouvoir. Il vient d’en bas et arrive plus ou moins haut en fonction du soutien électoral populaire qu’il reçoit. Ce soutien populaire peut être capricieux, incertain et éventuellement sans lendemain. En général à ce stade, un parti politique s’est formé pour représenter cette volonté populaire.
En 1956, l’essor puis le déclin et la disparition du poujadisme est emblématique car il est resté sectoriel (petits commerçants écrasés par les impôts).
Ce parti populiste subit les assauts souvent désordonnés, parfois paniqués des zélites aux affaires et donc aux prébendes, de l’opposition habituelle qui voit en lui un concurrent qui monte, des médias qui comme chacun devrait savoir sont aux ordres de la Super Classe Mondiale qui a établi le système politico-social en cours, les syndicats qui y voient un empiètement sur leurs prérogatives lucratives… Tous les apparatchiks des autres partis politiques, les Frères des Loges Maçonniques, les adeptes du Front Républicain. Tout cela fait du monde et les journalistes en profitent pour évoquer le fameux plafond de verre qui empêcherait l’accession de ce parti au véritable pouvoir effectif s’il ne fait pas alliance avec d’autres ! Mais s’allier impose des concessions.

Stade III.
Très progressivement le populisme arrive au pouvoir sous la forme d’un parti qui a su s’organiser pour se dédiaboliser, séduire et profiter de la gestion catastrophique de ses prédécesseurs. Le populisme a quelques difficultés pour trouver des collaborateurs expérimentés, compétents et responsables qui partageant plus ou moins complètement ses idées. Il manque d’expérience des arcanes de la politique politicienne. Mais s’il réussit dans les villes, département ou régions où il a pu s’implanter il acquiert une respectabilité dans l’opinion publique. En France, les villes et départements gérés par le FN depuis quelques années sont globalement satisfaits de leur sort malgré le harcèlement médiatique. Robert Ménard en sait quelque chose ! Ici se situe la deuxième zone de faiblesse du populisme : le soutien populaire est fort et durable mais tous les canaux de diffusion restent fermés à ses idées. Le système est puissant et retors, les médias sont hostiles, le tir de barrage des zélites est permanent et ne fait pas dans la dentelle : allégations de menaces de guerre civile, lois liberticides et procès à tous moments.
Un jour peut être la magistrature suprême s’ouvre à lui. Là commence la véritable épreuve car là est le pouvoir absolu. C’est particulièrement vrai dans la Constitution de la V° République Française. La troisième zone de faiblesse du populisme est là : il faut convaincre des alliés pour atteindre les 50% fatidiques. S’allier fait perdre de l’autonomie, peut chagriner certaines couches sociales, bref il faut de la fermeté et du doigté !

Plusieurs scénarios peuvent survenir.
1) Le meilleur. Le régime s’insinue  dans le moule ancien, comme un éléphant dans un magasin de porcelaines.  Il en casse quelques unes, bouleverse des usages établis, redresse des déripages institutionnels, mais s’impose peu à peu, maintient l’ordre social et commence à tenir ses engagements. Ses premiers résultats l’encouragent, font baisser le volume des critiques et augmentent le soutien populaire. Les combattants, c’est-à-dire les adhérents ou les sympathisants, volent au secours de la victoire. On sort de l’impasse politique qu’avaient engendré les précédents régimes, le peuple entrevoit la fin du marasme  et on débouche sur un boulevard qui peut être celui de la victoire ou de l’échec, car il faut durer malgré l’incessante et forte opposition du microcosme et de ses sbires et un soutien du macrocosme (la société civile, la population)  qui risque de s’effilocher avec le temps.

2) Le pire. L’émeute immédiate se déclenche, créée et attisée par les syndicats, les partis politiques battus, les institutions judiciaires, les médias, le chobiz, les communauté ethniques, presque toute l’élite ...et le peuple de gauche qui n’hésite pas à s’élever contre la démocratie. Bravant le résultat du suffrage universel, on assiste à la coalition  des vaincus de l’élection contre le pays réel, qui est la majorité silencieuse pour une fois victorieuse. C’est un véritable putsch  contre le suffrage universel.
Le nouveau pouvoir a deux options :
a) Le régime devient autoritaire. Seul moyen de permettre une modification des institutions et des structures politiques et sociales. S’il accède au pouvoir ce populisme peut évoluer vers un régime autoritaire (c’est un des risque de l’aventure populiste ) pour  être efficace ou s’orienter vers des modifications institutionnelles pour rétablir une vraie démocratie : le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple.
 Il se sert de l’armée, de la police, des services de renseignement pour mater le coup de force des vaincus et s’imposer. Le nombre de porcelaines cassées dans la boutique  augmente.  Beaucoup plus que dans le premier scénario mais qu’importe ! Il faut ce qu’il faut. Si les nouvelles élites ont les nerfs solides et une volonté granitique elles peuvent s’imposer mais elles se verront attribuer le qualificatif perfide de « fachos ».Si elles font le choix de la fermeté il faut le faire à fond et jusqu’au bout. Toute hésitation sera considérée comme une faiblesse.
b) Le régime, impuissant à dompter les factieux, hésitant à franchir le Rubicon, cède sur tout ou beaucoup de ses engagements. L’Europe s’en mêle. L’ONU aussi. Le marasme s’amplifie et le risque de guerre civile est à son maximum.




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